"Celui qui pille avec un petit vaisseau se nomme pirate ; celui qui pille avec un grand navire s'appelle conquérant" Proverbe Grec

Gréement


Le gréement d'un navire à voile est l'ensemble du matériel situé sur le pont permettant sa propulsion par la force du vent. Il est constitué de l'ensemble des espars (mâts, bômes, tangons, etc.), manœuvres courantes (drisses, écoutes, etc.), manœuvres dormantes (étais, haubans, etc.) servant à régler, établir et manœuvrer la voilure. Le mot vient du norrois greida.


On appelle gréement dormant toutes ses parties fixes :
 mât, bout-dehors, queue de malet
 étai, faux-étai ou bas-étai (largable),maroquin, pataras
 haubans, bas-haubans, galhaubans
 barres de flèche, guignol, outrigger (grande barre de flèche)


Le gréement courant est lui constitué de toutes ses parties mobiles :
 bôme, wishbone, pic, barre de flèche, vergue
 tangon
 écoutes, drisses, hale-bas, hale-haut ou balancine
 bastaques, bras, bosses de ris, garcettes


L'ensemble de l'appareil propulsif (gréement, espars, voiles) d'un voilier est indissoluble de sa désignation. Leurs formes, leurs puissances et leurs qualités d'usage étaient le reflet de l'adéquation entre un bateau et son utilisation, le tout ayant évolué avec les technologies. Le haubannage, autrefois en fibres naturelles, est passé aux câbles d'acier galvanisé puis aux câbles d'acier inox, et sur les voiliers de performance, on utilise plutôt des barres d'inox rondes ou profilées et aujourd'hui des fibres textiles (kevlar notamment, toujours gainé pour protéger les fibres des rayons du soleil) dont l'avantage principal est le gain de poids dans les hauts. Le mât est aujourd'hui le plus souvent en profilé d'aluminium sur les voiliers de série, mais l'on rencontre également le bois lamellé-collé qui conserve tout son intérêt, surtout sur les unités à mât dépourvu de haubans dit « mât libre » ou encore sur des voiliers « modernes Romantiques », ainsi que des mâts en composites. Une exception, les mâts du voilier « Inox » de Marcel Bardiaux qui sont en tôle d'acier inox roulée et rivetée, technique qui se rapproche des mâts des derniers grands voiliers de commerce à voile qui étaient en acier riveté.

À un mât

Misainier à une seule voile, gréement dormant souvent inexistant (mât simplement planté dans la coque). Une variante de ce gréement, avec le mât implanté très en avant est le gréement catboat qui est utilisé notamment sur les dériveurs de sport en solitaire, tels que le Laser, le Finn, (séries olympiques) ou encore le Moth.
 Sloop avec une grand-voile et un foc, gréement généralement très simple et facile à mettre en œuvre.
 Cotre avec une grand-voile, un foc et une trinquette, quelquefois une voile de flèche et/ou une voile carrée (on parle alors de cotre-à-hunier, répandu en Europe du Nord).
 Variante : le Cotre à tape-cul, qui est un cotre avec un mâtereau arrière non fixe, portant une voile d'appoint pour stabiliser la marche lors des opérations de pêche par exemple.

Il y a deux types de gréement sur la majorité des voiliers actuels, dépendants des rapports de puissance entre le foc et la grand-voile. Les progrès techniques, dans les toiles à voile notamment (tergal, kevlar, etc.), ont ainsi favorisé l'apparition de ces voiles très bien coupées et très efficaces que sont les génois (grand foc qui recouvre partiellement la grand-voile)
 Le gréement en-tête : l'étai (le câble qui relie le mât à l'étrave) est fixé en vis-à-vis du pataras (le câble qui relie le mât au tableau arrière),
 Les gréements fractionnés : l’étai est fixé plus bas que le pataras. On parle alors de gréement fractionné, en précisant éventuellement 7/8 ou 9/10 selon le rapport des hauteurs de fixation étai/pataras. Cette disposition favorise le cintrage arrière du mât qui permet d'optimiser la forme de la grand-voile.
 Le gréement Bergström, en pleine expansion du fait de sa simplicité et de sa robustesse, la tenue du mât étant assurée par une forte triangulation par barres de flèches qui évitent pataras et bastaques, plutôt utilisé sur des gréements moyennement élancés équipés de grand-voiles à fort rond de chute très puissantes et de focs gréés au 7/8 °.
Seul petit inconvénient, une ouverture de grand voile plus limitée au vent arrière du fait du plus grand recul des haubans latéraux et des larges barres de flèche.


À deux mâts

Brick : les voiles sont toutes carrées, il peut être ajouté une voile d'artimon et des voiles d'étai entre les mâts. On commence à avoir un gréement dormant plus complexe, du fait, d'une part, de la dimension supérieure de l'ensemble et, d'autre part, de la nécessité de pouvoir régler les deux mâts pour ne pas interférer entre les deux systèmes véliques.
 Brigantine : le mât d'avant (grand mât) possède des voiles carrées (comme pour un brick), l'arrière (artimon) est doté d'une voile aurique avec flèche. Il peut y avoir des voiles d'étai entre les mâts.
 Goélette : les deux mâts sont égaux ou le grand mât est à l'arrière et les voiles sont toutes auriques ou bermudiennes. On a pu voir quelques goélettes à hunier (par exemple : Étoile et Belle Poule, de la marine nationale Française).
 Brick-goélette : inverse de la brigantine, avec un mât de misaine à voiles carrées et un grand mât à voiles auriques.
 Ketch : voilier à deux mâts, celui de l'avant étant le plus haut, voiles auriques ou bermudiennes, avec barre en arrière de l'artimon. Lorsque l'axe du gouvernail est en avant de ce mât, on parle de Yawl.
 Dundée: cotre à tape-cul fixe, voiles auriques avec flèches sur les deux mâts, utilisé pour la pêche en Bretagne sud et Vendée.
 Senau : Gréement particulier, deux mâts gréés voiles carrées et un mâtereau (mâtereau de senau ou baguette de senau) gréé voile aurique.


À trois mâts

C'est sans doute le gréement de commerce le plus répandu au XIXe siècle, la plupart des clippers, construits en bois, étaient des trois mâts. On distingue :
 le Trois-mâts carré (en anglais square-rigged), dont tous les mâts sont équipés de voiles enverguées sur des vergues horizontales et retenues par le milieu (voile carrée), comme le Duchesse Anne, le Christian Radich, etc. ;
 le Trois-mâts barque (en anglais barque), dont le mât d'artimon est le seul à avoir un gréement aurique, avec vergue apiquée et envergure de voile sur le mât ; ce gréement avait l'avantage d'offrir une bonne puissance au vent arrière avec stabilité de route et des capacités à remonter au vent avec la brigantine, les focs et les voiles d'étai  Par exemple : le Belem;
 le Trois-mâts goélette (en anglais barquentine), dont le mât de misaine a des voiles carrées, le grand mât et le mât d'artimon des voiles auriques, comme le Mercator ;
 la Goélette à trois mâts, dont tous les mâts ont un gréement aurique, comme le Mare Frisium.
Toutes les variantes ont pu se voir, notamment dans les voiliers de travail, avec des voiles « au tiers » ou « auriques » comme les lougres « chasse-marée » et les bisquines.


À plusieurs mâts

Les grands voiliers de la fin du XIXe siècle, construits en fer et donc beaucoup plus gros, ayant besoin de plus de force propulsive et d'un gréement simplifié, on a vu couramment des quatre et cinq mâts carrés ou barque (le plus grand jamais construit fut le France II, coulé en Nouvelle-Calédonie en 1922) ainsi que quelques six-mâts et un unique sept-mâts.

Quatre-mâts
  
Cinq-mâts
  
Six-mâts
  
Sept-mâts


Le seul sept mâts goélette (toutes voiles auriques) américain jamais construit fut le Thomas W. Lawson qui eut une carrière courte (1902-1907).

Egger Ph.

Nom des voiles principales




A. beaupré
B. bout-dehors
C. mât de misaine
D. grand mât
E. mât d'artimon


1. clinfoc
2. petit foc
3. grand foc
4. faux foc
5. misaine
6. hunier fixe de misaine
7. hunier volant de misaine
8. petit perroquet fixe
9. petit perroquet volant
10. petit cacatois
11. petit contre-cacatois
12. grand-voile
13. grand hunier fixe
14. grand hunier volant
15. grand perroquet fixe
16. grand perroquet volant
17. grand cacatois
18. grand contre-cacatois
19. brigantine
20. voile barrée ou artimon
21. hunier fixe de fougue
22. hunier volant de fougue
23. perruche fixe
24. perruche volante
25. cacatois de perruche
26. contre-cacatois de perruche
27. voile d'étai


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Alexander von Humboldt

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Le voilier Alexander von Humboldt est un trois-mâts barque allemand qui a été construit en 1906, sous le nom de Sonderburg. Il devint bateau-phare sous le nom de Kiel.

En 1986, il fut racheté par la Sail Training Association of Germany (STAG) pour être reconditionné en trois-mâts.

Il est baptisé Alexander von Humboldt en 1988 du nom du célèbre naturaliste et globe-trotteur allemand, co-fondateur de l'Université de Berlin. Il sert aujourd'hui de bateau-école ouvert au grand public.



Autres noms : Kiel
Équipage : 23 expérimentés + 37 débutants
Gréement : trois-mâts barque
Débuts : 1906
Longueur hors-tout : 62,55 m
Maître-bau : 8,02 m
Tirant d'eau : 4,30 m
Voilure : 1035,6 m² (25 voiles)
Tonnage : 396 t
Chantier : Werft AG Weser,Brême
Armateur : Deutshe Stiftung Sail training (DSST)
Port d’attache : Bremerhaven Allemagne


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Amerigo Vespucci

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L’Amerigo Vespucci est un voilier-école italien. Il appartient à la Marina militare, la marine militaire italienne, utilisé à la formation des élèves officiers. Il est actuellement l'un des plus ancien trois-mâts carré à naviguer, le plus ancien navire-école de la marine italienne en service et un des plus grands voiliers école militaire du monde.

Le voilier porte le nom du célèbre navigateur italien Amerigo Vespucci. Il est basé à Gênes.

Ce voilier est la copie d'une frégate militaire de la deuxième moitié du XIXe siècle, le Re Galantuomo. Construit à Naples à la demande de Benito Mussolini, il est issu du projet de Francesco Rotundi, lieutenant colonel du Génie naval et a été entièrement construit aux chantiers navals de Castellammare di Stabia en 1930 et mis à l'eau le 22 février 1931. Le 15 octobre 1931, dans le port de Gênes, l'unité reçut son premier pavillon des mains de son premier commandant, Augusto Radicati di Marmorito. Sa mission était de former le officiers de la Regia Marina avec le Christophe Colomb, son sister-ship. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, le Christophe Colomb a été cédé à l'URSS en indemnisation de dommages de guerre. De 1946 à 1952 il a donc été l'unique navire voilier école de la marine militaire italienne. Ceci jusqu'à la mise en service de l’Ebe, une goélette brigantine construite en 1921 et achetée par la marine militaire en 1952.

La devise du navire, officialisée en 1978, est : Pas celui qui commence mais celui qui persévère. Cette devise exprime la vocation du navire à la formation des futurs officiers de la Marine Militaire. Les devises précédentes étaient : Pour la patrie et pour le Roi ; remplacée en 1946 par : Solides dans la furie des vents et des événements.

La formation des élèves se déroule par l'intermédiaire de campagnes de formation. Chaque croisière d'instruction emprunte un itinéraire différent. On compte à ce jour 71 campagnes. Le navire école s'est rendu en Europe du Nord 37 fois, en Méditerranée 20 fois, en Atlantique Oriental 4 fois, en Amérique du Nord 7 fois, en Amérique du Sud 1 fois. Le voilier a bouclé une fois le tour du monde.

Au cours de la dernière décennie, en plus de la formation à la mer, le voilier a souvent joué le rôle d'ambassadeur de l'art, de la culture et de l'ingénierie italienne. Pour cela, à l'occasion de faits marquants, il a fait escale dans les plus importants ports du monde : À Auckland (Nouvelle-Zélande), en octobre 2002 à l'occasion de la 31e édition de la Coupe de l'America ; plus récemment à Athènes en 2004 à l'occasion des Jeux olympiques et à Portsmouth en 2005 où il a tenu un rôle de premier plan, pour la commémoration de la bataille de Trafalgar.

Le voilier maintient vivantes les traditions anciennes. Les voiles sont encore en toile de jute, les cordages toujours en fibres végétales. Toutes les manœuvres sont exécutées manuellement. Chaque ordre est donné par le commandant, par l'intermédiaire du maître d'équipage, au sifflet de manœuvre. À la coupée, à l'embarquement et au débarquement des autorités, les honneurs au sifflet de gabier sont rendus, selon les rangs et les grades. En 2006, 75 ans après sa mise en service, d'importants travaux d’entretien du navire ont été effectués auprès de l'Arsenal Militaire Maritime de La Spezia.

Ceux-ci ont consisté au remplacement complet du mat de trinquette, à cause des limites d'usure atteints. Ce mât a été réalisé à l'identique en utilisant les méthodes artisanales d’origine. Quelques tôles rivetées de la coque ont été changées par d'habiles artisans. La passerelle de navigation a été modernisée et équipée de systèmes de navigation GPS et de transmissions par satellites. Il a participé à l'Armada 2008 (rassemblement de voiliers à Rouen, France) du 5 au 14 juillet 2008, pour la seconde fois.

En 2000 le voilier Amerigo Vespucci a participé à la Tall Ships' Races. Cette compétition met en confrontation le Tall Ship, groupe de voiliers et autres navires à mâts des Marines Militaires du monde entier. Pendant six mois, l’Amerigo Vespucci a parcouru plus de 10 000 milles. Il termina second derrière le voilier allemand Gorch Fock II. Le voilier école a aussi introduit les voiliers italiens à la Tall Ships' Races 2007 méditerranéenne. L’Amerigo Vespucci a aussi participé à la manifestation « La Mer doit vivre », une croisière écologique qui s'est déroulée en Méditerranée du 9 avril au 15 juin 1978. Le 15 juin 1978, le navire fait escale dans les principaux ports de la Méditerranée. Les postes italiennes ont émis pour l'occasion une série spéciale de quatre timbres oblitérés.

Ce voilier, qui est un des plus appréciés des amateurs de vieux gréements, est un habitué des rassemblements de Rouen : aux Voiles de la liberté en 1989 puis à l'Armada de la liberté en 1994, puis en 1999 et en 2008. Sa participation à l'Armada du siècle à Rouen en 1999 a été commémorée par un timbre-poste français, faisant partie d'une série spéciale de dix timbres.


Équipage : 16 officiers et 70 marins
Gréement : trois-mâts carré
Débuts : 22 février 1931
Longueur hors-tout : 100,50 m
Longueur de coque : 82,38 m
Maître-bau : 15,50 m
Tirant d'eau : 7 m
Voilure : 2824 m² (26 voiles)
Déplacement : 4150 tonnes
Capacité : 200 cadets
Tonnage : 3545 tonneaux
Vitesse : 10 nœuds (sous voile)
Chantier : Castellammare di Stabia
Armateur : Marina militare
Pavillon : Marina militare
Port d’attache : Gênes (Italie)

Egger Ph.